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Actualité - 15 mars 2021

A quelle vitesse se régénèrent la biodiversité ligneuse et le sol de la forêt du Miombo après un abattis-brûlis?

L’étude montre que la richesse spécifique, la diversité ligneuse et les propriétés du sol se régénèrent en 20-25 ans, alors que la composition en espèces nécessite beaucoup plus de temps pour se rétablir

Une étude, réalisée par l’équipe de Nitidæ et leurs partenaires du CIRAD (UR Forêts et Sociétés), a été publiée récemment dans la revue Forest Ecology and Management. Elle portait sur la résilience des forêts sèches de Miombo au Mozambique, biome encore peu étudié.

Paysage en périphérie du Parc National de Gilé au Mozambique

Cette étude est le fruit de plusieurs années de travail et de plusieurs campagnes d’inventaires de terrain réalisées par l’équipe et initiées en 2015 dans le projet de lutte contre la déforestation et la dégradation de la forêt de Miombo à l’intérieur et en périphérie du Parc National de Gilé. Elle visait à analyser l'état actuel et l'évolution de la biodiversité ligneuse, la structure des peuplements et les propriétés du sol des zones de régénération après une période d’agriculture sur abattis-brûlis au Mozambique. En utilisant des données d’inventaires floristiques et de sols, l’étude montre que le Miombo dans la région a une grande capacité de régénération en termes de diversité d'espèces ligneuses et de propriétés du sol après une perturbation de faible intensité et de courte durée, et que la richesse spécifique, la diversité et les propriétés du sol se rétablissent après 20-25 ans d'abandon. Cependant, les perturbations ont un effet à long terme sur la composition des espèces et la structure des peuplements, soulignant l'importance d'une gestion intégrée du paysage pour améliorer la fourniture de biens et de services écosystémiques.

Figure 1 : (A) Richesse spécifique et (B) Diversité spécifique des zones de régénération à différents âges et des forêts matures. Les lettres (a, b, c) indiquent les différences statistiquement significatives.

Le Mozambique s’est engagé à restaurer 1 million d’hectares de paysages déboisés et dégradés d’ici 2030 à travers l’initiative AFR 100. Cette étude fournit de nouvelles informations qui pourraient aider à définir des stratégies de restauration forestière passive ou assistée qui conviennent à la forêt de Miombo, afin de respecter les engagements du Mozambique en matière de restauration des écosystèmes.

Figure 2 : Stock de carbone organique dans les sols des zones cultivés, des zones de régénération à différents âges et des forêts matures. Les lettres (a, b, c) indiquent les différences statistiquement significatives.

Le résumé de l’étude est présenté ci-dessous et l’article est disponible en bas de page.

Le Miombo est la plus importante formation de forêt tropicale sèche en Afrique. Son importance pour les moyens de subsistance des populations locales et les pressions accrues ont orienté les attentions sur cet écosystème, désormais considéré comme une zone dont la conservation et la restauration sont prioritaires. La régénération forestière est un élément clé de la restauration des services écosystémiques, mais les caractéristiques et la dynamique de ce biome spécifique restent largement sous-étudiées. L'objectif de cette étude était d'analyser l'état actuel et l'évolution de la biodiversité ligneuses, la structure des peuplements et les propriétés du sol des zones de régénération après agriculture sur brûlis au Mozambique. Notre étude s'est concentrée sur les zones en périphérie du Parc National de Gilé au Mozambique, dominée par une mosaïque de végétation comprenant des forêts de Miombo matures, des savanes, des terres cultivées et des terres abandonnées après agriculture sur brûlis. Nous avons échantillonné 20 parcelles dans la forêt mature et 36 parcelles dans des zones de régénération du Miombo selon une chronoséquence allant de 1 à 35 ans, regroupées en quatre classes d'âge : 4-6, 8-12 ; 20-25 et 30-35 ans. Nous avons observé que la richesse et la diversité des espèces ligneuses augmentaient avec le temps après l'abandon jusqu'à atteindre des valeurs similaires à celles des forêts matures entre 20 et 25 ans plus tard. Malgré la présence des espèces dominantes du Miombo appartenant aux genres Julbernardia et Brachystegia, après 20-35 ans de régénération, la composition des espèces restait différente de celle des forêts matures. Le DHP moyen, la hauteur des arbres et le stock de carbone ont augmenté tandis que la densité des arbres a diminué le long de la chronoséquence. La densité et le stock de carbone des arbres dans les zones de régénération de Miombo âgées de 30 à 35 ans ont dépassé ceux des forêts matures. Le stock de carbone du sol a augmenté pendant la régénération de la végétation après l'abandon. Les résultats suggèrent que deux ou trois décennies sont nécessaires pour atteindre des valeurs similaires à celles de la forêt mature. Dans l'ensemble, ces résultats montrent que la région a une grande capacité de régénération en termes de diversité d'espèces ligneuses et de propriétés du sol, mais que les perturbations ont un effet à long terme sur la composition des espèces et la structure des peuplements, soulignant l'importance d'une gestion intégrée du paysage pour améliorer la fourniture de biens et de services écosystémiques.
Citation : Montfort, F., Nourtier, M., Grinand, C., Maneau, S., Mercier, C., Roelens, J.-B., Blanc, L., 2021. Regeneration capacities of woody species biodiversity and soil properties in Miombo woodland after slash-and-burn agriculture in Mozambique. Forest Ecology and Management 488. https://doi.org/10.1016/j.foreco.2021.119039