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Actualité - 17 sept. 2020

Dégradation et régénération des terres au Mozambique : une nouvelle méthode pour comprendre les facteurs de changement

L'équipe du N'Lab vient de publier une nouvelle méthodologie qui montre que plus de 25% du pays a subi des diminutions de productivité végétale entre 2000 et 2016 et propose une analyse fine des facteurs sous-jacents. Cet état de référence à l’échelle nationale permet aux décideurs de mieux comprendre les dynamiques et de cibler des zones prioritaires pour la restauration

Une étude réalisée par le N’Lab et leurs partenaires du CIRAD (UMR TETIS et UR Forêts et Sociétés) et de l’université Eduardo Mondlane à Maputo, a été publiée récemment dans la revue Land Degradation and Development.

Cette étude, réalisée dans le cadre du projet Laurel et de travaux de doctorat, visait à caractériser et cartographier les facteurs sous-jacents (anthropiques ou climatiques) de l’évolution de la productivité de la végétation (naturelle et cultivée) sur la période 2000-2016 afin d'évaluer la dégradation des terres au Mozambique. A partir de l’analyse de séries temporelles d’images satellites et d’indice de végétation, l’étude montre que 25% de la superficie du pays présente une diminution de productivité de la végétation et 3% une augmentation. Les auteurs montrent que plus des deux tiers des changements sont directement liée aux activités anthropiques (déforestation, dégradation forestière, perte de productivité des zones des prairies/pâturages…). L’étude évalue également l’impact des définitions existantes notamment celle de l’UNCCD sur l’évaluation quantitative de la dégradation des terres et met en évidence des écarts importants selon les acteurs (entre 12% et 20% des terres seraient dégradées).


L’étude s’inscrit dans le contexte de lutte contre la dégradation des terres. En effet, le Mozambique s’est engagé à fixer des objectifs pour atteindre la neutralité de la dégradation des terres d'ici 2030. Ces estimations actualisées et spatialisées sur l’état des terres au Mozambique peuvent aider les décideurs à concevoir des politiques ou des programmes nationaux et locaux pertinents pour lutter contre la dégradation des terres et cibler des zones prioritaires pour la restauration.

Figure 1: Distribution spatiale des principaux facteurs de diminution de la productivité de la végétation au Mozambique

Les diminutions de productivité de la végétation sont observées sur l’ensemble du pays (Figure 1). Les variabilités climatiques sont les facteurs dominants des diminutions dans les provinces du sud (Maputo, Gaza, Inhambane) et la déforestation le facteur dominant dans la province de Zambézie. Les augmentations de productivité de la végétation sont quant à elles principalement localisées dans le nord du pays (Niassa et Cabo delgado) et concerne des zones forestières ou de prairies (Figure 2).

Figure 2 : Distribution spatiale des principaux facteurs d’augmentation de la productivité de la végétation au Mozambique

Le résumé de l’étude est présenté ci-dessous et l’article est disponible en bas de page.

Les données de télédétection telles que les indices de végétation peuvent fournir des informations importantes sur l'état passé et présent des terres. Cependant, elles ne fournissent pas directement d’informations complètes sur notre représentation de la dégradation des terres et des processus en jeu. Cette étude visait à analyser les facteurs sous-jacents de la productivité de la végétation afin d'évaluer la dégradation des terres et de mettre en évidence l'impact des définitions sur son évaluation quantitative, en utilisant le Mozambique comme cas d’étude. Les changements de productivité de la végétation ont d'abord été analysés à l'aide des séries temporelle de NDVI (2000-2016), et une approche en deux étapes a ensuite été utilisée pour analyser les principaux facteurs de ces changements de productivité. L'impact des définitions de la dégradation des terres a été évalué sur la base de quatre types d'acteurs, avec des priorités différentes en termes de services écosystémiques. Les résultats montrent que 25 % du pays affichent une baisse significative de la productivité de la végétation, alors que seulement 3 % affichent une augmentation. Une grande partie de ces changements (>61% de la diminution et >98% de l'augmentation) est directement attribuée aux activités humaines, telles que la croissance des forêts ou les plantations d'arbres (pour l'augmentation), ou la dégradation des forêts, la déforestation et la perte de productivité des prairies (pour la diminution). Nous avons montré que la proportion des terres dégradées varie selon les définitions des acteurs, allant de 12 % à 20 % du pays, soit beaucoup moins que les 39 % estimés par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (niveau 1). Cette étude fournit un cadre méthodologique solide pour l’estimation de dégradation des terres qui pourrait aider les parties prenantes à concevoir des politiques ou des programmes d'atténuation de la dégradation des terres pertinents aux niveaux national et local.
Citation : Montfort, F., Bégué, A., Leroux, L., Blanc, L., Gond, V., Cambule, A.H., Remane, I.A.D, Grinand, C., 2020. From land productivity trends to land degradation assessment in Mozambique: Effects of climate, human activities and stakeholder definitions. Land Degradation & Development; 1– 17.

>> Téléchargez l’étude ci-dessous