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Actualité - 14 mars 2022

Dynamiques des paysages dans les aires protégées de Pô-Nazinga-Sissili au Burkina-Faso : vers une nouvelle méthode de diagnostic territorial

Une méthode innovante de diagnostic territorial a permis d'analyser les dynamiques de l’occupation du sol, l’évolution de la productivité de la biomasse, fréquences et régimes des feux des deux dernières décennies

L’objectif de cette étude est de proposer une analyse spatiale des dynamiques territoriales et de leurs facteurs de changement à partir de données socio-économiques et environnementales spatialisées disponibles, d’indicateurs issus de la télédétection et de connaissances de terrain. Cette analyse des pressions et des facteurs de changements a pour but d’améliorer et/ou de ré-orienter les interventions sur le territoire. Cela permet également de proposer plus largement une méthode innovante et rapide pour l’évaluation des dynamiques des paysages.


Contexte

Au Burkina Faso, le complexe des Aires Protégées PONASI est une des dernières grandes zones d'écosystèmes de forêt-savanes préservée du pays et constitue un continuum écologique abritant une grande diversité floristique et faunistique. Situé au sud du Burkina Faso, il rassemble : le Parc National Kaboré Tambi (PNKT) et ses deux corridors, la forêt classée et le ranch de gibier de Nazinga, la forêt classée de la Sissili ainsi que les Zones villageoises d’intérêt Cynégétique (ZOVIC) avoisinant les terroirs villageois composé de 150 villages. Cette région est soumise à de nombreuses pressions sur les ressources naturelles : la dégradation forestière liée au prélèvement de bois de chauffe et la production de charbon, le surpâturage dans les zones de savanes, des conflits d’usages entre les différentes utilisations des terres (cultures, élevage, faune sauvage…), le braconnage de la faune dans les aires protégées, les feux de brousse non maîtrisés. Le paysage est aussi marqué par une diversification des activités agricoles, la présence de surfaces agroforestières importantes parmi les zones de cultures (karité, anacardier, néré) qui présentent une forte valeur ajoutée pour le développement de la région, ainsi que la mise en place de corridors écologiques où sont pratiquées des méthodes de régénération naturelle assistée de la végétation.

Il est important de quantifier et localiser ces différentes pressions afin de définir des mesures d’accompagnement et cibler les zones d’interventions pertinentes

Méthodologie

La méthodologie proposée repose sur plusieurs étapes clés :

  • Elaboration d’une matrice des facteurs et hypothèses de changements du paysage
  • Cartographie et analyse des changements d’occupation du sol sur la période 2000-2020
  • Analyse du changement de productivité de la biomasse sur la période 2000-2020
  • Iidentification des facteurs humains de diminution ou de gain de biomasse végétale
  • Analyse de l’évolution des feux en termes de surfaces brûlées, de fréquence et de temporalité (précoces et tardifs)

Résultats

Les aires protégées du complexe PONASI sont caractérisées par des évolutions d’occupation du sol très contrastées selon les communes et aires protégées. Certaines d’entre-elles sont peu à peu occupées par les zones de cultures, notamment les forêts classées du Nazinon et de la Sissili, mais aussi les UAFs et les ZOVICs. Le PNKT et la forêt classée et le ranch de Nazinga semblent pour l’instant résister à cette dynamique même si les cultures se rapprochent progressivement de leurs bordures. Enfin plusieurs zones et entrées de pâturage ont pu être observées. Ces dynamiques témoignent de la saturation du foncier agricole engendrée par une évolution démographique importante les vingt dernières années.

Carte des facteurs humains de la diminution de la productivité de la biomasse

Les activités humaines sont légèrement dominantes concernant les facteurs d’augmentation de la productivité végétale dans la zone d’étude. Les facteurs humains correspondent à environ 58 % des facteurs d’augmentation. Cela peut être expliqué par une régénération naturelle ou assistée des zones de savanes arborées (21%), la régénération des zones de prairies (savanes herbeuses) et savanes arbustives (19%), potentiellement grâce à la limitation du pâturage dans les aires protégées, et à la potentielle augmentation des rendements agricoles et la densification agroforestière (12%).

Carte des facteurs humains d’augmentation de la productivité de la biomasse

Dans l’ensemble de la zone d’étude contenant les communes et les aires protégées, les feux ont tendance à diminuer depuis 2005. Entre 2000 et 2005, les surfaces brûlées augmentent, ce qui est peut-être dû en partie aux phénomènes d’expulsion qui correspondent à la période de mise en place du corridor 1 entre le PNKT et Nazinga. Les agriculteurs cherchent de nouvelles terres et défrichent d’autres terres dans la zone d’étude. Cependant la majeure partie des feux se trouve dans les aires protégées depuis 2005. Le degré de précocité des feux varie peu quand on observe l’ensemble de la zone d’étude. On constate que la tendance des surfaces brûlées reste à la baisse sur la période de 2000 à 2020. Cependant, la proportion des feux tardifs est nettement supérieure et tend à augmenter avec le temps.

Cartographie des surfaces brulées et du degré de précocité des feux pour les périodes 2000, 2005, 2010, 2015 et 2020

Pour plus d’information sur cette étude, le rapport est disponible en téléchargement ci-dessous >>>